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Quand la mécanique ne suffit plus à expliquer l'humain. Réflexion sur quinze ans d'ostéopathie.
Il y a presque quinze ans, j'ai commencé l'ostéopathie avec l'enthousiasme naïf de celle qui pense qu'elle va sauver des gens, régler toutes les douleurs en quelques séances, remettre des bassins en place.
Puis, très tôt, la claque.
En fin d'études, un professeur brillant, sans doute l'un des meilleurs que j'ai eu, nous lance :
« Tout ce que vous avez appris pendant cinq ans… c'est faux. Enfin… ce n'est ni complètement vrai, ni complètement faux. »
💥 BAM 💥
Des années à absorber des chaînes lésionnelles, des déductions biomécaniques, des récits de fibula « trop basse » qui tirerait sur tout un système… La mécanique parfaite. Le storyboard logique. La petite histoire qui nous rassurait.
Dans le cabinet, toutes ces belles équations… ne suffisent pas.
Parce que la réalité, c'est que les patients ne sont pas des puzzles.
Ils arrivent avec :
1️⃣ des douleurs
2️⃣ des croyances
3️⃣ leurs histoires
4️⃣ parfois un « diagnostic narratif » déjà posé sur leurs épaules
5️⃣ et bien d'autres choses
Nous croisons des patients convaincus que leur vie est limitée à cause d'une vieille entorse mal guérie.
Nous croisons aussi des professionnels, nous inclus parfois, qui nourrissent sans le vouloir la kinésiophobie : la peur de bouger, « au cas où ».
Nous nous perdons parfois entre :
☞ Vouloir trouver LA cause
☞ Aider simplement la personne, ici, maintenant voir pour quelques temps.
C'est là que le métier devient flou.
En tant qu'ostéopathe nous navigons entre :
⇒ un peu psychologue
⇒ un peu coach
⇒ un peu thérapeute manuel
⇒ un peu éducateur thérapeutique
⇒ un peu le phare dans le brouillard
Mais effectivement… nous ne cochons aucun cas clairement défini.
Pendant des années, ce flou m'a rongée.
Suis-je « valable » si je ne fais pas craquer des vertèbres toutes les quinze minutes ?
Suis-je « assez ostéo » si je donne des conseils, si je parle mouvement, si je m'appuie sur les sciences du sport, ou si je réoriente quand j'ai un doute ?
Je voyais certains collègues devenir chamans connectés, d'autres « mini-kinés frustrés ».
Les ostéopathes se battent pour définir le métier, comme s'il fallait absolument choisir un camp.
Moi, au milieu… j'ai failli lâcher.
Un jour, j'ai compris :
Nous ne sommes pas juste des mains.
Nous sommes des professionnel·le·s de la relation au corps.
La main, c'est un outil, très bien entrainé.
L'éducation, la compréhension du contexte, le soutien, la nuance, l'écoute active ...
☞ c'est ça qui fait avancer le patient.
Oui, la main compte. Mais elle ne fait pas tout.
Et ce n'est pas une trahison d'en être conscient. C'est de la maturité professionnelle.
Aujourd'hui, je ne suis pas « moins ostéo qu'avant ».
Je pratique une ostéopathie autrement, plus centrée sur la personne que sur la mécanique pure.
Plus axée sur la capacité d'agir, moins sur la peur.
Plus sur l'accompagnement, moins sur la réparation.
Et vous savez quoi ?
C'est ça qui m'a fait rester.
De la mécanique à la relation thérapeutique
La vraie puissance de notre métier apparaît quand on arrête d'essayer d'être l'expert qui trouve « LA pièce cachée », et qu'on devient l'alliée qui aide la personne à reprendre la barre.
Ostéopathe, oui. Toujours.
Mais pas comme on me l'avait vendu au départ.
Plutôt comme une passerelle.
Entre douleur et mouvement, entre immobilité et reprise du pouvoir, entre « je subis » et « je décide ».
C'est dans ce lieu-là… que j'ai enfin retrouvé la mienne.
Et vous, comment percevez-vous votre rapport au corps aujourd'hui ?

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