Vous me le demandez souvent : “Mais pourquoi vous me posez autant de questions ?”
Parce que, oui, il existe des praticiens qui parlent peu, cultivent une aura mystérieuse et entretiennent une prise en charge un peu mágico-déductive : “Je n’ai rien eu besoin de lui dire, il a tout lu dans mon corps…”
Très bien, mais dans mon cabinet, vous aurez remarqué : on papote pas mal.
Alors, pourquoi ?
L’interrogatoire 👮♀️ : le vrai début de la consultation
Cette phase, qu’on appelle “l’interrogatoire” (ne fuyez pas, on ne sort pas les menottes), c’est le premier acte de notre enquête. Elle sert à comprendre pourquoi vous êtes là et comment votre douleur s’inscrit dans votre quotidien.
Concrètement, on explore :
• La localisation : où ça fait mal exactement (et où ça ne fait pas mal).
• Les caractéristiques : est-ce que c’est une douleur sourde, vive, en coup de poignard, en brûlure ?
• L’évolution : depuis quand, à quelle fréquence, dans quelles circonstances.
• Les déclencheurs : effort, stress, fatigue, "faux mouvement" (un de mes préféré) ou… mystère.
• L’impact : est-ce que ça vous empêche de dormir, de porter vos enfants, de reprendre le sport ?
Bref, nous tirons ensemble les fils de votre histoire, et souvent c’est déjà là que le puzzle commence à s’assembler.
Les croyances autour de la douleur : un sujet clé
Beaucoup de patients arrivent avec des croyances solidement installées. Parmi les plus courantes :
• “J’ai mal, donc c’est grave.”
• “C’est forcément à cause d’un faux mouvement.”
• “J’ai le dos fragile, c’est de famille.”
Ces phrases, vous les avez sûrement déjà dites ou entendues. Elles ne sont pas “fausses” en soi, mais elles influencent énormément la manière dont vous vivez vos douleurs. Notre rôle, c’est aussi de discuter avec vous de ces idées, pour les mettre en perspective et éviter qu’elles ne deviennent des barrières : si vous pensez que votre dos est “fragile”, vous risquez de bouger moins… et d’entretenir le problème.
Ces idées ne viennent pas de nulle part : elles sont parfois héritées de la famille, mais aussi… de ce que disent certains professionnels de santé.
Un médecin qui dramatise (“attention, votre dos est foutu”, "vous avez une hernie c'est fini pour vous"),
un kiné ou un ostéo qui nie la douleur (“c’est dans votre tête”),
ou une prise en charge expéditive sans explications…
Tout ça peut renforcer la peur, le doute et l’impression d’avoir un corps “cassé”. Bref, ça alimente le catastrophisme.
À l’inverse, une prise en charge claire, transparente et rassurante aide à déconstruire ces croyances et à remettre du mouvement, de la confiance et de l’autonomie dans la relation au corps.
Des outils validés, pas juste du blabla
Et non, nos questions ne sortent pas de nulle part. Certaines sont inspirées de questionnaires validés scientifiquement :
• Le DN4 : un outil pour savoir si une douleur pourrait avoir une origine nerveuse.
• L’Örebro : qui aide à évaluer le risque qu’une douleur devienne chronique.
• Le FABQ : pour détecter les croyances de peur du mouvement.
• Le HADS : pour dépister anxiété et dépression, très souvent liées aux douleurs chroniques.
• Le PSFS : pour faire émerger ce qui compte vraiment pour vous (en terme d’activité, de récupération de capacité, …)
Dit autrement : ce n’est pas juste du bavardage. C’est du blabla calibré.
L’entretien motivationnel : une autre façon de questionner
Parfois, nous ne nous contentons pas de vous demander “où ça fait mal ?” mais aussi :
• “Qu’est-ce qui vous gêne le plus aujourd’hui ?”
• “Qu’aimeriez-vous pouvoir refaire si la douleur diminuait ?”
• “Sur une échelle de 0 à 10, à quel point vous sentez-vous prêt·e à changer certaines habitudes ?”
C’est ce qu’on appelle l’entretien motivationnel. L’idée, ce n’est pas de vous convaincre de quoi que ce soit, mais de vous aider à trouver vos propres leviers pour avancer. Parce qu’au fond, la consultation, c’est un travail d’équipe : nous pouvons vous guider, mais c’est vous qui tenez le volant.
L’interrogatoire, un outil… et une boussole
Ce temps de questions, ce n’est pas du bavardage. C’est ce qui nous permet de nous orienter dans votre prise en charge.
Faut-il que vous consultiez d’abord votre médecin ?
Est-ce qu’un examen complémentaire (radio, IRM, analyse) est nécessaire ?
Quel est le degré d’urgence de votre situation : douleur fonctionnelle, problème à surveiller, ou signe qui impose d’agir vite ?
Dans certains cas, notre rôle est de vous réorienter vers le professionnel ou le service le plus adapté.
Le but n’est pas de vous inquiéter, mais de garantir que tout est bien cadré et sécurisé. C’est cette étape qui fait de l’ostéopathie une pratique sérieuse, intégrée dans un parcours de santé cohérent.
Un exemple concret : comprendre un mal de dos autrement
Imaginez que vous veniez consulter pour un mal de dos. Naturellement, vous vous attendez à ce que le praticien se concentre sur votre colonne vertébrale, vos muscles ou vos articulations. Pourtant, dès les premières minutes de la consultation, quelque chose d’essentiel se joue : l’interrogatoire.
En prenant le temps de discuter, vous évoquez des détails qui paraissent anodins mais qui changent la lecture du problème :
La douleur revient toujours quand le travail devient stressant.
Elle disparaît progressivement le week-end, quand la pression retombe.
Depuis plusieurs semaines, vos nuits sont courtes et peu réparatrices.
De votre côté, vous étiez persuadé que votre dos était « usé » ou abîmé de manière irréversible. Mais l'échange met en évidence une autre réalité : votre douleur est surtout entretenue par le stress, la fatigue et le manque de récupération.
À partir de là, la prise en charge change complètement. Bien sûr, un traitement manuel du dos peut soulager. Mais l'accompagnement va plus loin : il inclut aussi des conseils pratiques pour mieux gérer votre stress, améliorer votre qualité de sommeil, retrouver une mobilité plus fluide... et surtout, changer votre regard sur votre douleur.
Cet exemple illustre à quel point un interrogatoire approfondi est une étape clé : il ne s'agit pas seulement de poser des questions, mais de replacer votre douleur dans le contexte global de votre vie.
En résumé
L’interrogatoire, ce n’est pas une formalité administrative ou un “blabla pour meubler”. C’est :
• Le cœur de la consultation, là où l’on récolte 70 % des infos utiles.
• Un temps pour explorer vos douleurs, vos habitudes, vos croyances.
• Un outil scientifique, qui guide notre prise en charge.
• Un espace pour ouvrir la discussion et mettre en place des changements durables.
Alors oui, dans mon cabinet, nous parlons beaucoup en séance. Mais ce n’est pas pour rien : chaque question est une pièce du puzzle. Et souvent, c’est dans vos réponses que se cache la clé de votre douleur.
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